Salamanca

Je referme Salamanca, de Alexis Arend, auteur que je ne présente même plus. Ce coup ci, il faut dire ce qui est, je ne le vous présente pas en coup de coeur, mais c’est juste pour épargner ses chevilles, parce qu’il est bon. Très bon !

Un petit résumé : Une ancienne route abandonnée, au cœur d’une inquiétante forêt…
Le seul murmure du vent pour rompre le silence et la solitude la plus absolue…
Une ville à la consonance étrange, perdue au milieu de nulle part…
Que feriez-vous si vous n’aviez aucun souvenir de la façon dont vous avez atterri en un tel endroit ?
Que feriez-vous si le seul choix qui se présentait à vous était de vous rendre dans cette ville isolée ?
Que feriez-vous si vous découvriez ce que cache réellement cette ville ? Ce qui s’y dissimule dans l’ombre ?
Seriez-vous alors capable de résister au déferlement de folie et de terreur ?
Et surtout, seriez-vous capable de faire face à l’effroyable vérité ?
Quels que soient les choix que vous serez amené à faire, prenez bien garde à ce qu’aucun d’entre eux ne vous mène à SALAMANCA…

C’est dans l’été 1958 qu’on entame le récit, un premier chapitre qui ressemble plus à un prologue et qui va nous donner le ton, dès le début. Nous sommes de suite mis en situation avec une gêne, un espèce d’amertume, même si on ne sait pas vraiment d’où elle vient, on sait qu’elle est là, et ce n’est que le début…

Alors Salamanca, c’est quoi, voire… C’est qui ? Parce qu’on finit par se poser la question tant la personnification de l’endroit est magistrale. Cette petite ville particulière qui  compte un décor à l’air insoutenable, une tension palpable qui, dès le début, fait froid dans le dos. On se retrouve dans un Stephen King en mieux (oui, désolée pour les fans du maître mais je ne trouve pas sa plume extraordinaire, contrairement à ses intrigues) car là, on a tout. Les mots sont pesés, la plume est fluide, et relève parfois de la poésie bien que quelques dialogues nous replacent vite dans la véracité de l’idée première : glauque, étrange, surréaliste, mystérieuse et parfois mystique… voilà les qualificatifs de cette place dérobée aux regards de la foule. Petite bourgade perdue qui, au gré du hasard, rassemblera quand même foule, mais pourquoi ?

Alors voilà, nous avons ici cinq protagonistes qui ont tous un caractère bien particulier, ce qui, dans un premier temps, devrait les séparer, finit par les unir.
Nous suivons tantôt séparément tantôt ensemble mais toujours en parallèle, les parcours de Andrew, acteur sur le retour, Tessa, jeune femme un peu perdue ne sachant pas être poussée dans ses retranchements, Christopher et Eleanor, charmant couple retraité et enfin, celui de Irwin, vendeur de photocopieurs.
Nous pensons nous retrouver face à des gens banals, des gens sans grande envergure qui ne comprennent pas le pourquoi de leur arrivée à Salamanca, et encore moins le comment ils ont fait pour y arriver. Une seule chose est sûre, ils ne cherchent pas à y traîner.

Du coup, l’évolution des personnages est vraiment bien décrite. Entre leur façon d’être, de se comporter les uns avec les autres, de la solitude qu’ils ressentent parfois et qui les pousse à s’unir, du besoin des autres qui devient oppressant, de l’urgence dans une incompréhension totale de ce monde qui leur est devenu étranger… On s’attache aux uns et aux autres, les pages se tournent avec frénésie pour savoir qui a fait quoi… C’est LE livre qui m’a fait passer de l’antipathie à l’empathie à l’aigreur… tout ça tout ça, en un claquement de doigts. Comme à son habitude, l’auteur rend ses personnages humains, peut-être même un peu trop. On se perd en eux et on les aime autant qu’on les déteste. Ils nous font vivre, au travers de pages bien menées, par le biais de mots choisis avec intelligence et maîtrise. Bref, quand l’histoire vous emporte sans vous laisser une minute de répit, quand le purgatoire et l’enfer se mélangent, quand vous ne savez plus qui est à plaindre ou à blâmer, quand l’envie de vous échapper et forte, mais moins que celle de voir où vous allez… vous vous laissez entraîner par le rythme soutenu sans vous en apercevoir 🙂

Ce qu’il y a de bien, c’est qu’il n’y a pas de triche, l’auteur nous fait voyager mais sans en faire trop. Toujours pondéré dans les propos, il nous emmène avec lui.
Du coup, je n’ai qu’une chose à vous conseiller, laissez vous guider, mais ne passez pas les portes de Salamanca 🙂

Bonne lecture à tous ! 😉

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