Opération la forêt des abeilles

Je referme à l’instant le court roman de Max Axel Bounda. Alors voilà une histoire racontée d’une façon bien particulière. Elle fait frémir, mais aussi plaisir. L’auteur commence son ouvrage avec les remerciements, alors je vais faire de même et le remercier grandement pour m’avoir proposé son livre que j’ai beaucoup apprécié malgré quelques petites longueurs.

Parlons déjà un peu de lui, qui est-il ?
Issu d’une famille modeste et lettrée, et confronté à diverses couches sociales dans sa société, Max Axel Bounda se forge une conscience sociale et politique, au contact de son environnement et dans de grandes lectures théoriques comme la Négritude et les auteurs de la négro renaissance, mais aussi des classiques français et anglais.
Sensible et émotif, très vite tourné vers les livres et s’évadant dans l’univers fantastique de plusieurs auteurs, il découvre les romans naturalistes avec délectation en comprenant que les mots s’ils servent à communiquer, sont aussi et peut-être avant tout, des jouets.
Max Axel Bounda, qui veut s’ériger en plume incontournable d’une littérature populaire en Afrique, est un jeune auteur gabonais, romancier, poète et nouvelliste. Son rêve est de démystifier la littérature en Afrique en la rendant accessible à toutes les couches de la société comme une bouchée de pain.
Rien que pour ça, il mérite d’être connu, la cause est belle 🙂

Et maintenant, passons au résumé :
L’hélicoptère militaire Nkussu One se crashe mystérieusement. A son bord, une arme de destruction massive qui menace d’exploser dans 72h. Une unité spéciale est dépêchée sur les lieux pour désarmer cette bombe. En pleine jungle, les membres du contingent font d’étranges rencontres et se voient pourchassés par une force invisible. Dans la capitale, un tueur professionnel est aux trousses du général chargé de superviser cette mission. Axelle-Marthe Koumba, jeune inspectrice, est chargée de mener l’enquête sur les morts qui s’empilent tour à tour. Ces deux affaires sont-elles liées ? La bombe sera-t-elle désamorcée à temps? Ils doivent faire vite. Ils n’ont que 72h.

Alors voilà, nous sommes au cœur d’une mission secrète, au premier abord courte et sans danger, à la veille des fêtes de fin d’années. C’est donc dans l’impatience certes, mais aussi dans « la bonne humeur » que commence l’épopée. Autant vous dire que ça ne dure pas… Ça commence fort, par le crash de l’appareil missionné dont certains membres de l’unité spéciale survivent. Mais à quel prix ? Ballottés par tous les dangers, ils vont devoir avoir le cœur bien accroché pour espérer s’échapper de cette nature qui se montre hostile. Ils seront alors rejoints par une troupe commando envoyée par le Général Éclair, dans le but de les rapatrier et surtout, de ramener avec eux le butin de cette mission, le F3B.
Qui dit mission secrète dit équipage secret. Comment lancer des alertes quand on se trouve là où personne ne nous attend ? Un tumulte supplémentaire dans l’intrigue qui n’est pas des moindres. C’est alors que nous nous plongeons avec ces militaires au sein de la forêt des abeilles. Ce n’est ni plus ni moins qu’une jungle équatoriale recouvrant une grande partie du Gabon. Lieu mythique et mystique dans lequel on dénombre plusieurs phénomènes inexpliqués et inexplicables. Nous sommes donc avec l’unité, perdus au beau milieu de ce décor, avec les agents de la base aérienne qui font leur possible pour trouver des solutions et leur venir en aide. Une épée de Damoclès au dessus de la tête vient rajouter un peu de suspense avec une deadline de 72h… Délai qu’il faudra pour éviter l’explosion de F3B.

En parallèle, nous retrouvons la section criminelle de Libreville suite à une tentative d’homicide sur le Général Éclair, en tête de la mission. Naissent alors complots, secrets qui se dévoilent petit à petit et aveux à demi-mot… Quand s’entremêlent les décisions de taille, les choix se resserrent et les compromis deviennent odieux.

Mélange d’action et de suspense, entre croyances et véracité, les enjeux politiques et financiers font se resserrer l’étau. Une ambiance qui devient étouffante, sublimée par une plume originale. Nous avons là une histoire sans temps morts et des personnages étudiés. Des situations qui se veulent somme toute réalistes dans lesquelles on s’engage presque malgré nous.

Des faits inexpliqués, une disparition d’appareil crashé, des apparitions, un tueur fou dans la nature, tout autant de situations troublantes accompagnent le récit dont la lecture est fluide. « Les non-initiés n’étaient pas autorisés à y mettre les pieds au risque de réveiller la colère des esprits et s’attirer les foudres du gardien de la forêt dont la soif de sang jamais ne tarit ». Tout le monde est alors impacté par ce mysticisme auquel personne n’est prêt à faire face.

C’est bloquée aux frontières du réel que je remercie l’auteur pour sa confiance, me laisser découvrir son univers si différent du mien est un honneur. Ces contes et légendes (si c’en est) m’ont transportée (tant dans la lecture que dans des recherches associées qui sont vraiment passionnantes).
Max Axel Bounda est à suivre, ne serait-ce que pour l’originalité de son intrigue soignée et ficelée ainsi que son contexte. Malgré une fin qui me laisse un peu sur ma faim, j’ai vraiment passé un bon moment de lecture et suis passée à un poil du coup de cœur.

Bonne lecture à tous ! 🙂

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