Sans retour

Voilà le petit dernier de l’auteur, Sans retour est ici un thriller sans fantastique, sans fioritures, juste du suspense et de l’horreur à l’état brut.

Pour vous donner un aperçu, vous voilà en premier lieu le résumé :
Lors d’un séjour à la montagne, John Gardner, dirigeant d’un groupe de sociétés, et sa famille, reçoivent amis et associés dans un lodge luxueux, au cœur des Rocheuses. Au deuxième jour, une tempête de neige se lève. Les routes sont bloquées. Les réseaux hors-service. Ils se retrouvent coupés du monde.
Quand le blizzard cesse, dix-huit jours ont passé.
Les occupants du lodge sont secourus et placés en observation.
Cinq d’entre eux sont portés disparus.
Les survivants sont extrêmement amaigris.
Et en état de choc.
Ils ne parleront pas. Ils garderont le secret.
Le plus atroce des secrets.

Qu’en dire ? On a là un huis-clos très prenant. Une narration fluide qui fait s’enchaîner les pages sans accrocs.
La construction du récit est intéressante : en gros, on commence par le milieu 😉
Ne vous inquiétez pas, je ne vous spoile rien en vous disant ça, vous le verrez bien assez vite en lisant l’ouvrage : nous avons au début une alerte, quelqu’un qui s’inquiète de la disparition des protagonistes puis, assez rapidement, le sauvetage de ces derniers, des survivants de l’affront météorologique qu’ils ont dû subir pendant plusieurs jours, voire semaines. Je vous laisse deviner que l’auteur ne nous lâche pas sur cette logique dès le début de son roman en nous amenant à penser « ils sont sauvés, tout va bien ». Non, il repart sur les événements qui ont eu lieu, sur le pourquoi du comment des décès ou/et disparitions, sur les tenants et les aboutissants de ces jours où ils étaient prisonniers du temps et du lodge dans lequel ils voyaient pourtant un refuge hors pair.

C’est à ce moment très précis que le huis-clos commence réellement, que la tension monte d’un ton et qu’on sent les personnages pris en étau entre la peur, le stress, la colère et le soutien que se doit d’avoir une équipe soudée face aux dangers. L’ambiance change petit à petit, les personnages que l’on croyait les plus sûrs d’eux sont soumis à des changements dus à la situation qui devient de plus en plus sombre et prenante.
On est donc enfermé avec les protagonistes dans ce lodge, pris au piège de leurs angoisses, de leurs fantômes et de leur peur face à l’immensité du blanc et de son silence ravageur qui les tient en otages.

C’est avec des phrases courtes et percutantes que l’auteur nous entraîne dans son univers. Des dialogues cinglants, des situations toujours plus rocambolesques mais qui tiennent toujours la route, et c’est ce qui est effrayant : le concept qu’il arrive à coucher sur papier, qu’on voit venir, mais qui nous surprend malgré tout. Les pages se suivent et nous font descendre toujours plus bas dans les méandres humains sans nous lâcher… Et quand on croit que c’est fini, c’est pour mieux y retourner.
Mais là en revanche, je ne peux pas vous en dire plus… Sachez juste que l’on tombe encore un peu plus sur les immondices entrevus dans certains aspects de la « suprématie » humaine. Il y a les gens qui vivent « normalement » si je puis dire, se berçant de rêves sur ce qu’ils pourraient avoir ou devenir, et il y a ceux qui s’assoiraient sur leur père pour l’obtenir, ceux qui tueraient sans remords pour plus de richesse… On a ici affaire à ce genre de personnes, entre autres !

Pour ma part, j’ai été agréablement surprise : je suis l’auteur depuis un moment, aimant bien ses histoires et ses propositions avec des personnages auxquels on peut s’identifier, mais sans jamais en donner trop, en trouvant toujours la faille qui nous les rendra humains mais qui laissera le champ libre à leur complexité. Il ne décortique pas tous les aspects des uns et des autres et y préfère souvent, à travers ses lignes, l’intrigue à leurs caractères. Ici, il y a plus sur les personnages, ils sont attachants et plus complets dans leur description. On connaît un peu plus d’eux à chaque chapitre et, surtout, le rôle « principal » a une évolution plus qu’intéressante dans l’avancée de l’écrit.

La prise en étau est bien menée, l’histoire en elle-même l’est aussi, et la chute est plutôt bien pensée. Bref, une écriture qui évolue, une histoire sympa et prenante, des lignes très imagées et des personnages percutants… que demander de plus ?
Un très bon moment de lecture passé à travers des mots de Tom Clearlake dont je recommande ce dernier opus, surtout par ces temps de froid, c’est le moment ou jamais 😀

En remerciant l’auteur pour sa confiance renouvelée, je vous souhaite à tous de bonnes lectures ! 🙂

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