Le vieil homme et moi
C’est sur une lecture juste finie et le nez sifflant que je viens écrire ces quelques mots sur les pages tournées de Luca Tahtieazym, Le vieil homme et moi : une avalanche des sentiments et, comme d’habitude, un choix de mots qui ne vous laissent pas indifférent.
Je vous laisse là un résumé :
« Quand un vieil homme solitaire et bougon s’installe en face de chez eux avec sa grande gueule et ses bouteilles de muscadet, Charlotte et son fils Valentin, poussés au bord de la rupture par une succession d’embûches, voient leur existence bouleversée.
Entre l’ours mal léché au grand cœur et ses voisins, une amitié aussi forte qu’inattendue va se tisser, leur prouvant à tous que rien n’est jamais écrit et que le bonheur appartient aussi à ceux qui n’y croient plus. »
Alors quoi me direz-vous ! Des histoires pleines de bons sentiments sur un vieil aigri s’affirmant et ses voisins, on en a vu, et c’est bien vrai ma foi. Qu’est-ce que celle là pourrait bien avoir de plus que les autres ?
Dans un premier temps, elle m’a clairement réconciliée avec le genre. Parce que justement, j’étais sûre d’avoir fait le tour, et que les histoires qui font pleurer dans les chaumières, ça va un temps. Quelle ne fut pas d’ailleurs ma surprise quand Luca a dit qu’il partait dans ce style ! D’un autre coté, je m’suis dit que je connaissais un peu le bonhomme, et que si son histoire était basique, sa plume ne l’était pas, alors je n’avais pas grand chose à y perdre, et au pire, je prendrais plaisir à lire ses lignes qui nous donnent du « nonobstant » là où les autres se contenteraient d’un simple « malgré ». Alors du coup, la valeur sûre reste avant tout la plume, guidée d’une main de fer dans un gant de velours, par un choix de mots fait avec brio, l’auteur nous plonge dans son univers dès les premières phrases, l’accroche y est.
Dans un deuxième temps, l’intrigue en elle-même. Entre la détresse d’un femme perdue par des événements trop frais, « l’animosité » de ce vieillard un peu cabochard que rien n’effraie et l’amertume de ce jeune orphelin de père qui perd ses repères (z’avez vu ? c’est beau… 😉 ), ça me fait un peu mal de le dire, mais elle est belle cette histoire, et sans prétention. Une histoire somme toute banale, mais construite avec des personnages fouillés, des destins qui se croisent, et des sentiments qui ne tombent pas dans le mièvre. Alors oui, ça fait pleurer dans les chaumières, mais pas comme le journal de BFM, plus comme une bonne grosse mélancolie qui vous gratte la gorge sans même que vous ne puissiez lutter, sans que vous ne vous y attendiez, une sorte de bond en arrière qui m’a ramenée de façon personnelle auprès de certains de mes proches. Parce que nous avons tous eu ce papy (ou cette mamie) un peu bourru que nous avons connu trop jeune pour le comprendre puis, en grandissant, assez vieux pour ne pas lui en tenir rigueur, comprendre que tout ça est plus de la pudeur que de la méchanceté, de l’acharnement à faire ce qui semble bien que de l’affront. Bref, on part là dans les années 80, mais c’est intemporel. Et pour ce bond, M. l’auteur, merci.
Dans un troisième temps, on ne s’ennuie pas. Oui oui, moi, l’amatrice de thrillers aux frissons garantis et à la recherche perpétuelle de torture psychologique, j’ai juste adoré être bercée par l’optimisme et la sensibilité provoqués par les mots. Les pages se tournent de façon automatique tellement la lecture est fluide et les mots résonnent. Quoique vous fassiez, vous ne pouvez pas échapper à l’emprise des situations décrites ici, toujours avec finesse. Entre humour, colère, peur et rancune, l’auteur vous guide près de ses personnages qui, chacun à sa façon, laisse sa petite empreinte. Il y a quelques retournements de situations vraiment bien trouvés, exposés de façon sympa et originale. J’étais partie bille en tête sur une fin, je voyais déjà qui était ce vieil ours mal léché et le pourquoi de sa présence. Est-ce que ça m’a posé un problème ? Aucunement, bien au contraire… Le chemin emprunté pour arriver aux dernières lignes est beau, juste, et quoiqu’il en soit, vraiment bienveillant.
Dans un quatrième temps… Et puis « merde », comme dirait le vieux ! Pourquoi faudrait-il un quatrième point ? Ce livre, il est beau, il est bon, il est bien écrit, et il donne un coup de souffle quand on n’en a plus. Perdue entre les larmes (oui, ça fait longtemps que je n’avais pas eu la larme à l’œil devant un bouquin…) qu’elles soient de tristesse, de compassion ou de mélancolie, je viens vous recommander ce petit coup de cœur de l’année. Il en fallait un pour commencer ce que j’espère être une longue liste 😉
S’il ne me reste qu’une chose à dire, c’est que le talent de l’auteur me subjugue : j’aurais juré ne lire que des thrillers de ce dernier, grosse erreur. Et vous savez quoi ? Ça lui va bien !
Alors toi, l’auteur, si tu me lis, file écrire un autre du genre, ce sera un vrai plaisir de le glisser au milieu de scènes de crimes ou d’esprits torturés et malsains qui composent ma pile à lire… 🙂
Bonne lecture à tous ! 🙂