Le purgatoire des innocents
Bonsoir,
Voilà que je ferme les quelques 630 pages du chef d’œuvres de Karine Giébel.
C’est un drame de toute beauté. Un huis clos à couper le souffle. Une leçon sur la vie. Une interprétation du bien et du mal plus qu’humaine qui nous montre que parfois, la frontière entre les deux est infiniment mince. Un voyage en enfer dans lequel les protagonistes cherchent leur bout de paradis. Une torture de l’âme. J’ai traversé par la lecture de cet écrit le doute, l’empathie pour un antihéros, la colère, la peur, l’amour, le désarroi, le mépris puis la peine. Une avalanche de sentiments à laquelle je ne m’attendais pas. Quelle fut ma surprise de découvrir autant de rejet mêlé à tant d’acceptation.
Les personnages qui sont posés, étudiés, dépecés, ils nous sont offerts à nus mais sans entrer dans le descriptif : on entre dans la tête de chacun d’entre eux que ce soit grâce à notre passif, notre empathie ou seulement grâce à notre humanité, notre possibilité d’envisager plusieurs options même si les choix présentés ici ne seraient pas forcément les nôtres.
Nous avons là une histoire qui commence de façon banale, un cambrioleur qui veut se faire des sous dans « de bonnes conditions », en évitant les dommages collatéraux et, suspense, ça ne se passe pas comme prévu. Jusque là, on est bon, on sent que l’intrigue est déjà vue, déjà lue, déjà avalée. On a l’impression qu’on en connaît déjà la fin. Que nenni mes amis, l’auteure prend un plaisir malsain à nous torturer, à nous livrer un retournement de situation de façon étrange. Une plongée dans les méandres de la psychologie.
Les maîtres mots de cette aventure ? Ironie, injustice, horreur, noirceur… tout ça contre le sang froid, l’urgence, l’entraide, le sacrifice. Tout autant de dualités à retrouver dans l’ouvrage. Des chapitres courts, une écriture fluide et cinglante. Des émotions décrites d’une main de fer dans un gant de velours.
Vous ne pourrez pas lâcher ce livre avant d’en connaître les tenants et les aboutissants.
Le plus, celui qui m’a fait comme un uppercut, qui m’a donné du fil a retordre est tout simplement mais efficacement « le mot de la fin ». Ceci n’est pas du spoil les amis, juste un ressenti qui retourne les neurones de façon irrévocable : on espère, on se languit, on y croit puis… elle est là, comme elle doit être, sans fioriture, sans joie ni peine car, au final, c’est celle qui doit être et c’est celle qu’on attend malgré nous.
Merci à l’auteure de m’avoir fait me sentir tantôt très mal, tantôt merveilleusement bien.
Un gros coup de cœur pour ce roman qui, à défaut d’être court, s’avale juste d’une traite. On croise juste les doigts pour ne pas en être empoisonné car au final, sait-on vraiment jusqu’où nous sommes capables d’aller ? Que ferions-nous pour survivre ? Jusqu’où notre instinct de survie peut-il nous faire descendre ?