Ineffaçables
C’est avec un petit pincement que je referme le livre de Clarence Pitz, Ineffaçables. Un thriller haletant qui retient l’attention tout du long.
Je vous laisse là un résumé : Bruxelles 2016. Au lendemain d’une vague d’attentats, des fresques pornographiques apparaissent sur les façades des quartiers populaires de la capitale et secouent l’opinion publique. Épaulé par Fred Boland, jeune recrue immature, l’inspecteur Karel Jacobs est confronté à une série de crimes sexuels d’une perversité sans nom. Les sévices s’enchaînent mais les victimes ne se ressemblent pas. Et le duo est rapidement dépassé par une enquête pavée de violence qui l’emmène dans les recoins sensibles de la ville. Samira, jeune mineure émancipée est retrouvée violée en plein cœur de Molenbeek. Sa route croise le chemin de Virgile Plisson, flic infirme relégué à la paperasserie et ancien membre de la cellule tag, prêt à tout pour reprendre du service.
Alors quoi ? Cette intrigue, elle est puissante, d’actualités, révélée petit à petit, comme une découverte faite en plusieurs étapes. Si le « méchant » dévoile son jeu pas à pas dans cette affaire et fait tourner les inspecteurs en bourrique, il en est de même pour nous, lecteurs. De fil en aiguille, on découvre lentement mais sûrement les tenants et les aboutissants de l’enquête. De page en page, l’ambiance s’alourdit et fait écho à plusieurs situations que nous connaissons aujourd’hui : les inégalités sociales, l’immigration, les agressions en tout genre, les attentats… Tous ces sujets sensibles qui ne sont malheureusement plus des mythes sont ici mis en avant avec délicatesse et finesse. La douleur du peuple face à des forces de l’ordre qui piétinent et ce, avec en toile de fond, une série de crimes qui se répètent, mêlant l’horreur à l’art.
Pour nous conter cette histoire prenante et quelque peu glauque dans nombre de ses aspects, nous avons une plume fluide, des phrases courtes, un rythment soutenu par les dialogues et les différents caractères des protagonistes.
Alors, ces derniers, comment sont-ils ? Une équipe d’enquêteurs qui détonent et détonnent. Toujours dans le feu de l’action, sur le qui-vive, en manque de temps et de sommeil… ils gardent cependant une distance sur les événements grâce à un humour notable et somme toute très agréable !
Les descriptions tapent juste ! Ni trop présentes, ni trop encombrées, chaque mot place le décor, sans artifices… Personnellement, moi qui connais très mal Bruxelles, je m’y suis clairement promenée. Certes, ce n’était pas une balade dominicale tranquille, mais j’ai aimé parcourir les différents quartiers et avoir l’œil sur ces fresques et ces sculptures un peu bizarroïdes. Bref, ouvrir ce bouquin a été bénéfique en ce sens : j’ai fait plein de découvertes et ce avec beaucoup de plaisir. Un peu sur l’art, un peu sur les différentes populations, un peu sur les forces de l’ordre, une peu sur… en résumé, en additionnant tous ces « un peu », on a du beaucoup. Ce fut un agréable moment, entre culture et intrigue glaciale. Ce petit froid dans le dos qui vous laisse quand même un goût amer, alors que vous en redemandez encore et encore.
Si j’ai beaucoup apprécié La parole du chacal, j’ai adoré Ineffaçables. La plume y est plus sûre, plus approfondie, le style s’améliore encore un peu plus et laisse une patte bien sympathique diriger l’écrit. Des personnages attachants, des retournements de situation à en faire pâlir les plus grands, une étude psychologique approfondie sur les comportements et les attentes des différents protagonistes… Un panel qui ne laisse pas indifférent. Pour ma part, même si j’ai vu venir un truc « louche » dans l’un des rôles, j’étais loin de me douter de l’intégralité de cette chute ô combien réussie.
Du coup, je le conseille, ce deuxième opus de Clarence Pitz. Une plume qui est loin d’avoir dit son dernier mot, et qui, j’en suis sûre, saura nous surprendre et nous donner du fil à retordre dans ses prochaines aventures. D’ici là, je souhaite bonne route à l’ouvrage qui a tout d’un grand : autrice à suivre, de près 😉
Bonnes lectures ! 🙂
Une réponse sur « Ineffaçables »
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