Les tuer tous
Je viens blablater aujourd’hui sur le petit dernier de Frédéric Rocchia, cette plume découverte il y a quelque temps maintenant, et qui me fais toujours autant l’effet attendu : une bombe 🙂
Je vous laisse un résumé : Octobre 1990.Le mauvais temps s’installe sur la ville de Deilton et avec lui une sombre histoire de meurtres.La police est sur les dents.La presse accuse l’ancienne mafia, défaite un an plus tôt, d’être derrière ces crimes.Mais la célèbre criminologue, Elen Kern, ne partage pas l’avis de la majorité.De profonds secrets devront être révélés pour lever le voile sur l’identité de l’assassin et résoudre l’enquête la plus controversée de la décennie.
Je suis agréablement surprise de découvrir l’auteur dans un autre style, un style sombre, thrillerien. Il faut dire que Les racines bleues m’avait totalement embarquée par sa véracité, son humanité et son contexte. Ici nous avons un mélange. Il y a une histoire d’hommes là derrière, une histoire humaine de personnages sensibles au caractère bien trempé.
Pour les amateurs de thrillers, nous avons ici des meurtres avec une enquête qu’on cherche à résoudre, mais qui ne laisse pas de répit, ni aux inspecteurs ni au lecteur. Les victimes s’enchaînent là où pression et incompréhension montent. Une intrigue bien ficelée, guidée par une plume qui vous fait croire, pendant pas mal de pages, que vous êtes aux côtés des enquêteurs, que vous comprenez l’affaire et que tout est relativement simple. Pour ma part, je penchais sur une taupe, une sombre histoire de pot de vin. Que nenni mes amis, vous trouverez ici une histoire qui retiendra votre souffle jusqu’à la dernière page.
L’intrigue au passage, parlons-en, elle est brute et très étoffée. Dispersée dans plusieurs tiroirs, on n’aura le fin mot de l’histoire qu’en fin de livre, avec des petits indices éparpillés tout du long. Si je peux donner un conseil pour la lecture de ce roman, il faut avoir un œil aguerri et faire sa propre enquête… Je vous mets donc au défi de comprendre ce qu’il se passe, mais surtout, ce qu’il s’est passé. Vous l’aurez compris, cet ouvrage ne se cantonne pas à la décennie 😉
Entre une police sur les dent et la presse qui s’en mêle, tout part à vau-l’eau 😀
Des personnages travaillés vont nous emmener avec eux. Dans plusieurs domaines : l’enquête, les relations passées, les amitiés laissées au gré du temps mais qui n’ont pas fané pour autant, la prise en étau entre le désir d’une nouvelle vie et l’amour envers les gens qui font partie de l’ancienne… Un mélange temporel mais aussi de caractères, de souvenirs… de véritables tranches de vie qui nous sautent au visage et nous empoignent pour mieux nous perdre.
On s’attache à tous, même à ceux qu’on a envie de claquer, parce qu’ils sont tous représentés de manière spontanée et vraie. Ils ont tous quelque chose à dire ou à prouver, et ils ont TOUS cette capacité à vous donner un petit bout d’eux tout au long du récit. Pas forcément par l’énoncé de leur histoire, mais surtout à travers leurs mots, leurs attitudes… qui leur sont prêtés par l’auteur.
L’auteur, on y vient. La plume est travaillée. Les mots tombent rarement à plat et nous offrent une description fouillée, mais sans fioriture. On voit les décors, on voit presque les gens… On se balade, tantôt en bord de falaise, tantôt dans les rues d’une ville particulière. Quoiqu’il en soit, tout y est pour vous faire voyager dans le coin ! 🙂
Des dialogues viennent ponctuer la narration de façon intelligente. Les réactions des uns et des autres sont prévisibles (comme quoi les personnages sont accompagnés) et bien retranscrites. Pour que ces dernières soient prévisibles, il faut qu’on en connaisse les auteurs. Du coup, rien ne manque à l’appel, on connaît les personnages et leur logique nous est servie sur un plateau d’argent.
Tout cet enchaînement nous ramène du coup à l’ambiance elle-même. Elle est traduite par une atmosphère assez glauque. Pris au dépourvu par des personnes qui se connaissent entre elles mais que nous découvrons pour notre part, petit à petit, notre cerveau se laisse guider à travers le mélange des séquences. Tantôt mélancolique, tantôt sombre (mais vraiment), tantôt belle et fantasque avec des envies d’ailleurs… on se laisse bercer agréablement dans ces changements.
Bref voilà. Une histoire sombre, une enquête bien complexe qui piétine, une plume fine et adroite, une lecture prenante et émouvante, pour finir sur une chute WAOUH ! Voilà voilà comment je pourrais résumer tout ça… Un très bon moment de lecture.
Du coup, est-ce que je le conseille ? Bah oui, et profitez-en, il est dans les bacs !
Bonnes lectures ! 🙂
Une réponse sur « Les tuer tous »
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