Anamnèse
Cette sensation très étrange où on hésite entre « on se fait prendre pour un con » et « cette histoire, c’est du génie ». Il faut dire que, pour ma part, j’ai eu la chance de connaître l’auteur tard. Pourquoi une chance ? Parce que j’attendrais la future sortie moins longtemps que les autres 😀
Je vous laisse ici le résumé :
Que se cache-t-il derrière les terribles cauchemars de Marie ?
Un véritable choc émotionnel, un grand polar psychologique.
Anamnèse, du grec anamnêsis : action de rappeler à la mémoire.
En médecine, l’ensemble des renseignements fournis au médecin par le malade ou par son entourage sur l’histoire d’une maladie ou les circonstances qui l’ont précédée.
En ésotérisme, le fait de recouvrer la connaissance totale de ses existences antérieures.
Marie est en proie à des cauchemars aussi sinistres que sanglants. Qui est cette femme poignardée à mort qui l’implore ? Pourquoi lui demande-t-elle pardon ? Elle tente de découvrir ce qui se cache derrière ces images atroces qui l’assaillent chaque nuit… Dans sa descente en enfer, des secrets seront dévoilés, des masques tomberont, et la vérité éclatera. Qui en subira les conséquences ? Marie ? Sophie ? Luc ? Ou encore Jack Lee dont Marie est devenue l’obsession…?
Plongez dans l’univers frissonnant et bouleversant de Salvatore Minni.
Et n’oubliez jamais qui vous êtes…
Je ne vais même pas vous parler de l’histoire en soi, parce que ça forcerait au spoil, chose que je me refuse bien souvent à faire. En revanche, l’attachement au personnage est toujours aussi sublime. On suffoque avec elle (Marie), on pleure avec elle, tout comme on la déteste au point où elle se déteste elle-même parfois. Tout n’est ici que contradictions, dualités, repoussement et, parfois, acceptation. Alors du coup, on prend une claque, une vraie. Je ressors de ce livre émue, pas forcément par l’intrigue en elle-même, mais par les chemins qu’elle nous fait prendre pour tirer à sa fin. On est balancés dans tous les sens, gerbés par les rebondissements et prisonniers de notre propre mental. Pour ma part, je me suis surprise plusieurs fois à entrer dans la tête de la protagoniste, alors qu’elle n’était pas mise en scène : tout le travail est donné aux rôles « secondaires » qui tiennent une place plus que grande dans l’ouvrage. Leurs réflexions, leur connaissance de la personne, leur habileté à nous la décrire ou encore à se questionner sur elle… Tout autant de choses qui parlent plus de Marie que Marie ne se présente (pas claire… hum).
Cette façon de traiter les personnages est plus qu’intéressante, qu’intrigante… Elle est juste intelligente, subtile et extrêmement dangereuse : c’est là où Salvatore Minni excelle dans cet écrit. Il faut dire que connaître son protagoniste mieux que lui-même par les descriptions qu’autrui en fait… Pffff, voilà, une belle dose de talent.
Pour ma part, j’ai nettement préféré la chute de Claustrations. Peut-être parce qu’ayant lu les deux ouvrages à peu de temps d’intervalles, j’en ai vu venir quelques ficelles, mais je n’en suis même pas convaincue. Pourquoi ? Parce que même si on a lu l’auteur, même si son schéma nous semble clair… Il assure par X moyens de nous faire tomber à côté. On aura bien compris, et ce assez vite dans le roman, que Marie a un soucis. Mais lequel et surtout pourquoi (enfin… pour quoi ?)
L’explication de l’auteur est assez étourdissante. Je suis tombée dans le panneau comme une bleue.
Du coup, l’ambiance. Elle est prenante, pesante, haletante, un véritable mélange dans le temps et l’espace. On est littéralement fauchés par les péripéties des personnages et encerclés par leurs questionnements (qui deviendront très vite les nôtres)
On est entre l’oppression du huis-clos (parce que ce n’en est pas vraiment un, hein ?), la perte de conscience face aux situations traumatisantes, la peur de l’autre, l’appréhension de la persécution, poussant même jusqu’à la peur de soi. Un univers psychologique travaillé, détaillé.
La plume quant à elle, en parlant de choses travaillées, n’est pas de reste. Elle est incisive. Accentuée par des chapitres courts et des passages récurrents d’un personnage à un autre, elle est précise, chirurgicale. Toujours placée entre action et descriptions : on visionne la scène sans s’y ennuyer pour autant. Le choix de la narration multiple n’est pas à négliger et donne encore un peu plus de poids aux émotions des différents personnages.
Du coup, je reviens sur ma première phrase et vous explique pourquoi j’ai eu quelquefois cette impression de « il me prend pour une conne ». Non pas que ce soit son intention (enfin… j’espère), mais la construction qui nous fait virevolter régulièrement d’une personne à une autre m’a laissée dans une sorte d’issue, comme si l’auteur essayer d’échapper au lecteur en partant dans l’autre sens, comme s’il s’appuyait sur une facilité évidente. Ceci dit, c’est aussi ce qui me fait dire que « cette histoire, c’est du génie ». Parce que pour cette exacte même raison, il a réussi à imprégner son intrigue d’une tension supplémentaire (comme s’il n’y en avait pas assez…) et rajouter une petite pincée de suspense supplémentaire aux moments ou le soufflé aurait pu retomber, où on pourrait penser « ah ça y est, j’ai compris »…
Alors à toi, lecteur, je préfère te prévenir : t’as rien compris du tout ! 🙂
À toi, auteur, merci pour ce très bon moment de lecture renouvelé. Une découverte que je ne compte pas lâcher de si tôt : merci de sortir le troisième roman assez rapidement 😉
Bonnes lectures à tous ! 🙂