Vena Amoris
Encore un bouquin fort sympathique pour palier Ă 2020 đ
Je vous laisse lĂ le rĂ©sumĂ© du deuxiĂšme opus de CĂ©line de Roany, Vena amoris. Un polar qui fait froid dans le dos tout en me rĂ©conciliant avec le genre (oui oui, je suis plus thriller d’habitude đ )
Une grange isolée dans les marais de BriÚre, une jeune femme gisant dans son sang.
Et CĂ©leste, menottes aux poignets.
CĂ©leste Ibar enquĂȘte entre terre et mer sur plusieurs homicides dĂ©concertants : de jeunes femmes suppliciĂ©es auprĂšs desquelles gĂźt une alliance dâhomme. LâĆuvre dâun monstre ? Certainement. Mais CĂ©leste nâen est-elle pas un elle-mĂȘme ?
DeuxiĂšme volet des enquĂȘtes de CĂ©leste Ibar, Vena Amoris nous entraĂźne dans des marais magnifiques et sauvages, Ă la rencontre dâune galerie de personnages attachants et dĂ©routants, reflets dâune sociĂ©tĂ© dont les errements font basculer des vies.
Admiratrice d’Elizabeth George, Tess Gerritsen ou, en son temps, PD James, Celine de Roany s’impose avec Vena Amoris comme une nouvelle voix du polar, avec laquelle il faudra compter.
Tout d’abord, il est fort utile de savoir que celui-ci a beau ĂȘtre la suite de SpĂ©cial K, vous n’ĂȘtes pas obligĂ© d’avoir lu le premier pour comprendre l’intrigue de ce dernier et son dĂ©roulement. Premier point fort du livre.
L’intrigue ? Parlons-en. VoilĂ qu’elle est sacrĂ©ment bien ficelĂ©e. Nous avons pour commencer un cadavre, somme toute logique, mais cette dĂ©couverte va nous plonger dans une spirale de faits et Ă©vĂ©nements tout au long du rĂ©cit. On verra donc que l’histoire n’est pas si simple et qu’il ne s’agit pas d’un « simple » meurtre. DĂ©peinte avec une fluiditĂ© dĂ©concertante, cette suite d’instants glauques se fait de façon complĂštement addictive.
Comment ? Tout d’abord par la plume de l’autrice, elle est riche en vocabulaire prĂ©cis, en descriptions toujours bien menĂ©es, car ces derniĂšres ne sont jamais vraiment inutiles, pas de fioritures, pas d’ennui ! đ
La construction du rĂ©cit quant Ă elle nous transporte dans le questionnement tout du long : nous suivons nos personnages, tantĂŽt dans le passĂ©, tantĂŽt dans le prĂ©sent, et parfois mĂȘme, nous avons un soupçon de futur (par rapport Ă l’Ă©vĂ©nement en cours). Ăa vous paraĂźt bizarre ? Bah sachez-le, c’est totalement cohĂ©rent, et on n’est perdu Ă aucun moment !
La narration donne toujours une impression d’objectivitĂ©. MalgrĂ© la force des Ă©vĂ©nements dĂ©crits, celle des caractĂšres des personnages, l’ampleur de l’affaire, chaque idĂ©e est donnĂ©e comme un constat et non comme un jugement. Ăa fait du bien. Chaque lecteur a de quoi y trouver son compte.
La froideur du personnage principal (comme dans le livre prĂ©cĂ©dent) donne le ton, et je l’ai adorĂ©. Il y a cette sorte de blessure, de trop plein, d’incomprĂ©hension sur les gens ou encore le monde, qui sommeille dans CĂ©leste. Cette enquĂȘtrice hors pair, qui se montre impĂ©nĂ©trable, est tout en doutes, en questionnements, en peurs… Vous l’aurez compris, j’ai dĂ©jĂ beaucoup apprĂ©ciĂ© le personnage dans le premier volet, mais il m’a d’autant plus plu dans ce deuxiĂšme. Certes, on en apprend un peu plus, mais elle garde cet aspect froid, distant et secret que je trouve tellement original : une façon propre Ă l’autrice d’en dire long sur son personnage Ă travers des descriptions ou des mimiques plutĂŽt qu’Ă travers de mots. Parce que CĂ©leste, elle a comme une sorte de mĂ©lange de pudeur, de froideur, d’introversion et autres qui la caractĂ©risent si bien, et qui font d’elle la femme et l’inspectrice intrĂ©pide qui nous est dĂ©crite. Une femme forte en dehors, mais nĂ©anmoins une femme, un ĂȘtre plutĂŽt sensible et somme toute trĂšs attachant.
Les personnages secondaires sont tout aussi travaillĂ©s, ce qui est trĂšs apprĂ©ciable. Nous n’avons aucun des ressentis, gestes ou paroles qui est laissĂ© au hasard, histoire de combler. Tout est rĂ©flĂ©chi, par rapport aux Ă©motions bien prĂ©sentes. Nous avons tout un Ă©talage de personnes diffĂ©rentes, toutes dĂ©peintes avec le mĂȘme Ă©moi. L’autrice a bien travaillĂ© chaque couleur pour nous offrir une palette de sensations sur diffĂ©rents thĂšmes abordĂ©s : nous trouverons lĂ un peu de sexisme, un peu conservationnisme aussi (oui j’invente des mots si je veux ! đ ),la fidĂ©litĂ©, l’injustice, l’acceptation de la diffĂ©rence… tous ces thĂšmes sont touchĂ©s avec plus ou moins de finesse, certains bien plus creusĂ©s que d’autres, mais restent omniprĂ©sents pendant l’enquĂȘte.
Entre les descriptions (qui sont aussi faites au niveau sensoriel, avec l’appel Ă votre odorat entre autre), une intrigue bien menĂ©e, des personnages construits et crĂ©dibles, une fin presque malsaine mais extrĂȘmement bien pensĂ©e et logique, nous avons lĂ tous les ingrĂ©dients pour un bon polar.
Oui oui, vous pouvez dÚs lors prendre un mug et votre couette pour entamer cette lecture qui se veut rapide et trÚs agréable !
Bonnes lectures Ă tous đ