Backup
Vous avez là un livre sans concession sur un avenir où la vie pourrait être « éternelle » à grand coup de sauvegardes. Je vous laisse là le résumé :
Dans un futur plus ou moins proche, l’immortalité est devenue un service, un monopole détenu par la multinationale Backup. Les clients procèdent régulièrement à des sauvegardes de leur psyché – souvenirs, personnalité, tout ce qui les définit en tant qu’individu. Le jour où ils meurent, leur sauvegarde la plus récente est téléchargée dans l’un de leurs clones, prêt à être activé. L’immortalité à la portée de tous. Du moins des plus nantis.
Aiden Romes est un flic. Honnête, droit dans ses bottes, psychorigide, même, diraient certains de ses collègues moins regardants avec la loi. Il est bon dans ce qu’il fait, mais un tel métier effrait de plus en plus sa compagne, enceinte de plusieurs mois et terrifiée à l’idée de perdre son époux. La situation change cependant le jour où il contribue à sauver la fille du dirigeant de la firme Backup, qui le remercie en lui offrant un abonnement gratuit aux services de la compagnie. Il va rejoindre la caste fermée des immortels, et pourra enfin continuer le job qu’il aime sans que sa compagne n’ait plus à en souffrir. Il s’installe dans le siège de connexion, ferme les yeux…… et les rouvre quelques secondes après dans un lieu qu’il ne connait pas. Mais surtout dans un corps qui n’est pas le sien! C’est pour lui le début d’une descente aux enfers, où il devra voir jusqu’où il sera prêt à violer ses propres principes et ainsi se salir les mains afin de protéger les siens et déjouer un complot de portée mondiale. La technologie Backup constitue-t-elle l’accès à l’immortalité pour l’être humain, ou bien la perte de son identité?
Alors voilà, le résumé en dit long, on ne va pas s’éterniser sur l’intrigue qui, clairement est travaillée et bien menée. J’ai lu ce livre sans appréhension, sans arrière pensée, sans avis en règle général. J’ai de suite accepté l’invitation de Guy Roger Duvert à lire son ouvrage pour deux choses : sa plume que j’apprécie avec son univers particulier toujours en bascule entre le monde que nous connaissons croisé dans un univers à part, à mi chemin entre SF et fantastique. Dans un deuxième temps, pour la découverte de l’auteur dans un autre style, une autre possibilité qui s’ouvre à nous à travers son imagination. Quelle ne fut pas ma surprise quand je me suis retrouvée propulsée dans un univers que j’ai beaucoup affectionné ado, entre Total recall et Final cut, nous retrouvons ici une histoire « déjà vue », celle du double avec réincarnation du psyché…, mais contée de façon originale et dans une intrigue à laquelle on peut s’identifier.
Du coup, la plume, parlons-en. Comme dans ses livres précédents, j’ai trouvé vraiment sympas les descriptions : l’auteur a un écrit très cinématographique, on voit à travers ses décors et ses situations les scènes qui s’animent devant nos yeux. Je n’ai aucun mal d’ailleurs à voir ce récit adapté 😉
Une écriture fluide – des mots accessibles sans être simplistes, somme toute bien choisis et percutants – qui nous décrit un univers pas si loin du nôtre, si on enlève le papier cadeau futuriste : des castes divisant la population, celles qui peuvent se permettre une vie longue et sans « embûches », celles qui « crèvent » dans les ghettos que la masse veut fuir. Ce fossé est creusé, bien évidemment, et poussé à son paroxysme, mais l’idée y est.
Plusieurs narrations, avec une multitude de personnages, sont présentes dans le récit. On ne s’y perd pas, mais cela rajoute effectivement pas mal d’intrigues dans l’intrigue : on se demande longtemps si l’humanité est vraiment faite pour ce service proposé (la vie éternelle).
Nous avons donc plusieurs thèmes abordés, et ce de façon légère et intelligente, car nous y trouvons aussi une IA (intelligence artificielle) avec ce dilemme que nous connaissons : est-elle bonne, mauvaise, rebelle ?
Les personnages, quant à eux, sont assez nombreux. Le protagoniste Aiden est assez fouillé et torturé (de par sa condition entre autre), Holden, son double, est bien pensé et bien mené, mais reste assez simple puisque semble être là en grande partie pour « justifier » les prises d décisions et de conscience du premier. Quant aux personnages secondaires, bien qu’attachants, sont assez « peu présents » finalement : à défaut d’être effacés, leur analyse reste pour certains assez en surface, certainement pour donner son importance au héros malgré lui qui effectue une course contre le temps, contre la société en devenir et… contre lui-même. Peut-être se perd-il un peu en route ?
Que retenir de tout ça ?
Pour ma part, on est assez loin de l’univers de Outsphere, mais j’étais prévenue 😉
Alors voilà, la plume et l’intrigue de l’auteur restent indéniablement sympathiques et percutantes, la couverture du livre est belle, le décor est cinématographique et bien implanté. Bref, où est le problème me direz-vous ?
Mon souci, c’est qu’il m’a manqué quelque chose. Je ne saurais dire s’il aurait fallu un livre plus long, ou plusieurs tomes, ou… je ne sais point. Le fait est que j’aurais, de façon là encore complètement subjective, bien apprécié plus d’interactions avec l’IA, plus d’analyse sur la situation socio-culturelle avec une analyse un peu plus poussée sur la contextualisation de la société en place, et peut-être un peu moins d’action (bien que ce dernier point ne soit en aucun cas handicapant).
ATTENTION cependant, ces derniers éléments révélant ce que je considère comme les points noirs du récit (que j’aurais tendance à préférer du coup en film qu’en livre) ne m’ont absolument pas empêchée de passer un très agréable moment de lecture, et les amateurs d’action, coups de gueule/ coup de sang y trouveront clairement leur affaire.
Une réponse sur « Backup »
[…] à l’univers de Backup auquel je n’avais pas complètement adhéré, j’avais trouvé un certain plaisir à la […]