Un temps de chien
Me voilà refermant le livre de Cyrille Audebert, 256 pages d’étrangeté pure, dont vous voici le résumé :
Au cœur d’étranges évènements, les lieutenants Margot Baudor et Octave Billy enquêtent sur des cadavres horriblement mutilés. L’assassin est-il un dangereux psychopathe ou un animal de légende comme certains détails tendent à le prouver ?
Entre mythologies celtes, crimes rituels et chasse à l’homme, une plongée dans un incroyable univers.
« Un Temps de Chien » est la suite de « L’Évangile selon Jacques Lucas ».
Alors, je n’ai pas lu le premier opus, tant pis pour moi. Je ne sais pas si c’est ou non en lien, du coup, mais voilà que je me suis un peu laissé perturber par l’ambiance du livre où, dès le début, nous sommes plongés dans un univers un peu fou dans lequel il pleut littéralement des cadavres d’animaux. D’autres événements non moins étranges nous plongent dans un univers particulier avant que l’intrigue ne prenne son envol. J’ai donc eu un peu de mal à entrer dans le sujet. MAIS ça, c’était au début ! 🙂
Ce livre est tout simplement un trésor, une sorte de mélange entre contes et légendes, de l’Angleterre à l’Irlande, en passant par la France. Une ambiance certes un peu macabre, mais bercée par des personnages hauts en couleur qui ne vous feront pas regretter d’avoir tourné les pages.
Le résumé en dit long, donc je vais vous passer les anecdotes de l’intrigue, il n’y a pas de quoi tergiverser sans spoiler. En revanche, vous trouverez là plein de choses intéressantes au delà du contexte général :
Tout d’abord, il y a l’histoire en elle-même : une version très imagée et originale de mythes pas si connus sur une créature animale. Venus tout droit de l’Irlande et des Celtes, nous découvrons ou redécouvrons ce statut effrayant de la Bête.
Ensuite, nous avons l’enquête, haletante et sordide, mais aussi bien menée. L’histoire étant ficelée avec intelligence, on mélange faits exceptionnels à meurtres qui ne le sont pas moins. Une avalanche de faits qui nous fait voir, au fur et à mesure de notre avancée dans le récit, que tout est relié.
Pour finir, les personnages. Au cœur de dialogues réussis, on voit que chacun est important et a sa place. Nous avons là des personnes entières, au caractère bien trempé et aux idées parfois souples, parfois arrêtées. En somme, des humains 😉 Tantôt avec humour, tantôt avec la froideur qu’impose l’ambiance, nous avons des protagonistes dépeints de manière simple, sans fioriture, qui nous apparaissent naturellement comme étant des nôtres, on avance à leurs côtés sans retenue.
Un récit qui happe littéralement le lecteur dans un univers non conventionnel, qui le tord afin que ce dernier plie, presque malgré lui, et finisse par trouver cet univers « normal » et qui, enfin, lie avec humour et intelligence une histoire peu banale au quotidien de gens qui le paraissent au premier abord.
Que faut-il donc en retenir ? Une histoire addictive, un livre sans temps morts qui vous entraîne dans les méandres des mythologies, une écriture fluide et incisive, sans fioriture ni concession. En bref, une lecture prenante, un écrit attirant, une petite trouvaille au goût de reviens-y.
Alors quoi ? Alors merci, un grand merci à Cyrille Audebert que je ne connaissais pas, et qui m’a permis de découvrir son univers rocambolesque, mais aussi touchant. Là où vient l’adversité contre la perversion, vient aussi une troupe de « guerriers » atypiques, et ce n’est que du bonheur. Voir en héros une équipe comme celle de ce roman est rare, drôle et touchant. Tout ça complété par une chute qui vaut le détour…
Bref, je le conseille à mes amis qui aiment les mélanges de style : amateurs de thrillers/polar fantastiques, vous trouverez là une petite pépite. En revanche, attention à ceux qui aiment le rationnel : le récit et son intrigue quelque peu déjantés que nous tenons là ne vous raviront peut-être pas.
En vous souhaitant à tous une bonne lecture ! 🙂