6 jours
J’ai refermé hier ce livre de 180 pages, un thriller psychologique qui n’est court que par sa taille. Nous avons là un déferlement de poésie et d’espoir malgré toutes les mauvaises choses qui arrivent, une sorte de prise de conscience des personnages… Bref, il est beau et prenant.
Vous voilà un petit résumé, pour commencer :
Après la mort de sa femme, Adam et ses deux filles Anissa et Nora s’éloignent peu à peu. Adam met alors en place un stratagème surprenant visant à les garder enfermés 6 jours dans un chalet isolé en pleine forêt. Il espère ainsi retisser les liens si chers à ses yeux et exprimer les non-dits qui hantent ces âmes tourmentées. Malheureusement, rien ne se déroulera comme prévu et ce sont les démons enfouis en chacun d’eux qui referont surface pour ne pas les laisser indemne…
Alors, au vu de ce résumé, je m’attendais à un thriller huis-clos oppressant, bercé par les descriptions, dans lequel on vivrait 6 jours aux cotés de cette famille. Je n’ai pas été déçue, car les descriptions ne sont pas entêtantes et nous découvrons les personnages de façon intelligente et bien menée 😉
Il faut dire que cette démarche semble d’abord particulière : quelle idée d’aller se faire enfermer dans un chalet en pleine forêt ? Il s’agit donc de la décision prise par un homme brisé. Brisé d’abord par la perte de sa femme, troublé par l’éloignement de ses filles, apeuré par la direction que prennent les choses et les événements. Alors que cet homme découvre une théorie sur l’enfermement afin de renouer des liens, partant simplement du principe qu’en retrouvant cette promiscuité, les langues se délieraient et les gens se parleraient pour s’expliquer, se comprendre, peut-être se pardonner, puis enfin, pour s’aimer à nouveau, redonner un souffle à une communication cassée trop tôt.
Où est-ce que ça pêche ? Entre la théorie et la pratique, il y a souvent un océan qu’il est difficile de franchir. Ici, les non-dits sont trop ancrés, les vies menées de bords tellement éloignés qu’il va être quasi impossible de renouer. Entre les malaises non énoncés, les promesses non tenues, les sentiments tus… Un débordement reste alors inévitable.
L’auteure nous emmène, avec une plume fluide et empreinte de poésie, de mots percutants, toucher du doigt les émotions de chacun de ses personnages (bien travaillés par ailleurs). Nous avons des sœurs qui, par cause d’éloignement, ne se connaissent finalement pas si bien, et ont préféré laisser prendre le dessus à leur interprétation de l’autre plutôt que son « sens profond ». Un père désabusé qui se rend compte qu’on ne peut pas remettre les années sur table, et qui perd plus ou moins espoir du retour à la normale qu’il désirait tant.
Nous avons donc ce livre bien construit qui nous fait voyager par le biais de flash-back à travers les années pour nous donner les différents points de vue des uns et des autres. Des explications sur le présent qui nous renvoient l’histoire et le non-dits de chacun. Quand les émotions deviennent trop fortes, que les actions paraissent pour certains impardonnables, que les croyances s’en mêlent et que tout semble flou, que la vie prend un tel tournant qu’elle en parait insurmontable, que les révélations sont trop lourdes à supporter, ou que, tout bêtement, ces dernières arrivent trop tard, nous avons un résultat décapant, un récit qui prend aux tripes, qui se lit vite et qui laisse une marque.
Quand les maux ne peuvent devenir des mots, ne reste alors plus que l’option de l’action. Où celle-ci nous mènera ? Je vous laisse le découvrir à travers les pages de cette novella surprenante qui ne laisse pas indifférent !
Je remercie grandement Émilie Fatiha pour m’avoir laissée découvrir sa plume tant originale que belle et vous recommande chaudement son ouvrage 😉
Bonne lecture à tous !