La société secrète
Me voilà bien ennuyée par ce livre, et ce pour plusieurs raisons. Avant de vous les formuler, vous voici un résumé :
Christian Dalleray, dit « le Bateleur », a réalisé son rêve : il a créé une société secrète, une vraie. Il la dirige avec deux amis : Michel Kowalski « le Pape », et Éric Schneider « l’Empereur ». Il devrait donc être heureux. Or, c’est le drame qui va bientôt l’entourer.
Les personnes de son entourage sont assassinées, une par une, quel que soit le pays où elles se trouvent. Il en est averti par une dame mystérieuse et séduisante, la duchesse. Naturellement, il comprend vite qu’il sera la dernière cible. Il entreprend donc une interminable enquête à l’échelle planétaire. Sur tous les continents, il poursuit ses ennemis. Mais les traces vont lui révéler ce qu’il craignait : les coupables sont tout près, ils font partie de ses amis. Il doit impérativement les démasquer, par crainte de devenir à son tour la victime d’un meurtre. C’est ce qu’il fera, au cours d’un ultime et tragique huis clos à l’endroit même où l’histoire a débuté.
Tout d’abord, j’ai dû passer à coté de quelque chose, certainement quelque chose de grand. Pour ma part, l’idée de la société secrète me faisait un peu rêver, je m’attendais à de la « traque », du suspense, du complotisme dur de dur. Je vous laisse deviner que je ne m’y suis pas trop retrouvée. Dans cet ouvrage, la société secrète n’a été (pour moi, bien évidemment), qu’un léger sujet lançant une trame. Présent, certes, mais pas omniprésent. Ce thriller somme toute sympathique aurait pu être traité sous couverts d’un club de sport. La petite touche d’ésotérisme aurait dû être plus présente, plus ostentatoire. Ici, nous avons un premier thème qui laisse penser que le sujet serait bien plus approfondi : les religions contre l’athéisme. Sujet bien vaste qui mériterait qu’on le développe un peu plus.
Ensuite, bien qu’intéressante de prime abord, je trouve que l’intrigue tourne un peu en rond : nous avons une sombre histoire de complot et de trahison, mais, après avoir accusé une personne, nous avons un catalogue complet de suspects, comme au Cluedo. C’est rigolo, mais ça casse un peu le rythme. Du coup, là de même, on s’attend à de grandes machinations, pour au final retomber dans le petit cercle de départ. Ce qui aurait pu bien plus me plaire si on ne le quittait pas sur 90% de l’intrigue. Cette dernière s’essoufflant de part son « éparpillement mondial ».
Me voilà donc déçue de ma lecture avec ces deux gros points noirs du livre, dont le troisième reste indéniablement le sexisme (involontaire peut-être) du protagoniste : aucune femme ne sert dans ce livre à autre chose qu’à servir Le Bateleur. C’est bien dommage, je ne m’étendrais pas sur ce dernier point. Mais heureusement, on ne retiendra pas que ça 😉
Malgré quelques redondances par ci par là et quelques longueurs, la plume de l’auteur est simple et aisément accessible. On sent qu’il a voulu démocratiser cet univers un peu particulier des cercles fermés, et sur ce coup, il a réussi son pari ! 🙂
Nous avons de même une histoire originale et somme toute soignée, avec des personnages attachants.
Pour finir, la petite touche de romance sans mièvrerie est plutôt agréable.
Alors voilà, bilan ? Je pense que je me suis fourvoyée sur les intentions de ce livre. J’en attendais tellement autre chose que je n’ai pas su l’apprécier. Je cherchais trop de combat de religions, les idées reçues même, et les histoires populaires…
Ceci dit, si vous êtes à la recherche d’un thriller léger, sans prétention, écrit d’une plume fluide et sur un terrain « glissant » sur fond du complot religieux, allez-y, il reste sans aucun conteste un bon moment 😉
C’est pour cela que je remercie les éditions Évidence pour m’avoir fait connaître l’univers de Manuel Ruiz dont l’énigme principale reste bien pensée 🙂
Bonne lecture à tous ! 🙂