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L’heure du crime

Voici une mini nouvelle écrite dans un concours proposé par facebook.
Thème : minuit huit.
Contrainte : moins de mille mots.

Bonne lecture ! 🙂

Alors que je me laissais surprendre par une odeur particulière, en relevant la tête, je regardais de façon ahurie tout ce qui m’entourait, je cherchais des yeux ce que ce que mon cerveau refusait de voir. La chaleur moite faisait transpirer chaque pore de ma peau, jusque dans mes mains. Je ne comprenais pas vraiment ce que je faisais là ni pourquoi. Tout me semblait flou, brouillon, comme si j’avais fait quelque chose de vraiment terrible mais sans en avoir pleinement conscience. Je finis donc par me décider à faire un pas, faire le vide de mon cerveau et prendre un peu de recul. Sauf que, à ce moment précis, je sentis quelque chose buter contre mon pied et je manquai de tomber. Après m’être rattrapé de façon complètement désordonnée, maladroite, et ayant encore du brouillard dans les yeux, je me retournai pour voir ce qui avait aussi soudainement encombré le passage. Sans comprendre davantage la situation, j’eus immédiatement un haut le cœur. Je me sentis fébrile, tout en sueur. La peur, l’incompréhension et le dégoût se mélangeant d’une façon indescriptible. Je ravalai alors le filet de bile qui me brûla la gorge au passage d’une déglutition des plus affreuses, je faillis perdre pied en même temps que ma raison s’envolait : qu’avait-il bien pu se passer ?

Impossible de se concentrer plus, je ne savais définitivement pas comment réagir, ni quoi faire. Tout autour de moi vacillait, j’avais trébuché sur… un pied. Bien évidemment, le vice l’avait emporté et il me fallait savoir. Je remontais donc les yeux le long de ce dernier, partant de la cheville jusqu’au visage en passant par le bassin. Mon regard lui aussi a trébuché, sur le sien. Il se trouve que cet homme, je le connaissais, plutôt bien d’ailleurs. Non pas que je l’appréciais, mais de là à lui souhaiter de se faire blesser dans l’arrière court d’un immeuble isolé en plein Paris, ô non, jamais. Ne sachant trop quels gestes prodiguer, quels étaient les réflexes à avoir… et ayant les mains nouées, le cœur serré, mes mouvements étaient vraiment des plus imprécis. Je me forçai à reprendre mes esprits pour aller poser mon doigt sur son cou, celui de Thomas, mon collègue qui gisait maintenant devant moi. Le regard lointain, les yeux presque vitreux, je pris lentement conscience que son souffle n’était plus. Je relève la main, tremblante comme jamais et je fus pris d’une envie de crier, hurler cette peur mêlée à une sorte de folie qui semblait vouloir me prendre : j’avais la main en sang. Alors que je me forçai de nouveau à tout rejeter en bloc, toutes ces informations dignes des pires films, toutes ces idées qui affluent comme autant de possibilités sur la tournure des événements, je replaçai mon doigt sur ce qui ressemblait à son artère. Quelle ne fut pas ma surprise et ma peur de ne rien ressentir, pas le moindre battement, ne serait-ce qu’un minime mouvement sous son épiderme. Je n’étais pas secouriste, mais le message me semblait pourtant des plus clairs, Thomas était bel et bien mort. Je me préparais tant bien que mal à appeler les secours, sortis mon téléphone de ma poche et vis l’heure, minuit.

***

Fan de toutes ces histoires que l’on trouve somme toute un peu débiles, mon sang ne fit qu’un tour. Minuit, l’heure du crime… Cette phrase lue et entendue des dizaines et des dizaines de fois, voilà que la plus grande ironie se faisait sentir. Un cadavre, un homme qui ne sait ni pourquoi il est là ni comment il y est arrivé, un collègue qui n’était pas vraiment un ami et du sang, du sang partout. La voilà donc cette odeur si particulière, celle qui irrite un peu les narines par ses effluves de fer. Malgré « le comique de situation » qu’amenait cette idée, je n’avais pas envie de rire Toute émotion semblait vouloir quitter mon cerveau juste avant que lui, de même, ne prenne la fuite. Mon téléphone tomba légèrement avant moi, en quelques secondes certainement, qui me paraissaient cependant être des heures. Dans les tréfonds des émotions devenues trop fortes, je perdis connaissance.

***

C’est dans un sursaut terrible que je me réveillai. Baignant dans une odeur âcre de sueur mêlée à une autre, moins tenace, mais bien présente. Je tremblai, je ne savais pas où j’étais, mais je reconnus assez rapidement ma lampe de chevet et le dernier thriller que je lisais ces derniers jours. D’abord effrayé, je finis par comprendre et décidai de laver ma tête de ce terrifiant cauchemar sous un jet d’eau brûlante. C’est en voyant une eau teintée de rouge tomber de mon visage cerné que j’ai pris peur, une peur tenace qui vous retourne les tripes et vous laisse sur la touche avec, là encore, une seule envie, celle de vomir… qu’avais-je fait ?

Je me frottai les yeux, la mine déconfite, me mis une claque au passage et, sous la panique, me changeai au plus vite pour retrouver mon lit et reprendre mes esprits. C’est lorsque mon regard se tourna vers le réveil que là encore, l’anxiété se fit sentir de plus belle : le cauchemar avait pris fin juste là, en bas de chez moi, dans l’arrière-cour d’un immeuble parisien isolé. C’est du moins ce que je croyais quand mes yeux se figèrent sur ce foutu réveil qui me narguait. Du fond de mon lit, il était alors minuit huit !

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