Il était une fois dans le brouillard

Encore une petite perle que cette dernière ponte de Luca Tahtieazym. Comme d’habitude, c’est d’une plume fluide qu’il nous embarque… Vous voilà d’abord le résumé :

11 septembre 2001.
En une nuit, un brouillard dense et ténébreux s’abat sur le monde devenu aveugle. La panique s’installe.
À La Rochelle, dans un petit immeuble à l’agonie occupé par une poignée d’habitants aux abois, Agathe tente de survivre.
Mais il y a pire que le smog et la folie qu’il engendre, il y a les autres, ceux qui se repaissent de la brume, qui l’avalent et la recrachent avec fureur…

Un huis-clos dans l’appartement d’un vieil immeuble, voilà ce à quoi on devrait s’attendre, mais pas que ! Dans les recoins de La Rochelle, on se laisse guider par Agathe, une jeune fille au passé troublé, un esprit torturé, pleine de confusions qui la caractérisent. Notre héroïne n’est ni plus ni moins qu’un être humain dans toute sa splendeur : une nature ni bonne ni mauvaise, avec ses changements, ses évolutions dans ses retranchements et, surtout, ses contradictions.

C’est donc assez rapidement qu’on est littéralement plongés dans le brouillard (sans mauvais jeu de mots), qu’on découvre toute une atmosphère pesante, opaque, dans laquelle on ne peut avancer qu’à tâtons. C’est bien souvent à travers les yeux d’Agathe que l’on découvre notre entourage, une troupe de gens perdus, décontenancés, qui auront malgré eux la cécité comme seule alliée. Dès lors, nous avançons avec les protagonistes dans un monde « post apocalyptique » en se basant sur une date si sinistre que nous connaissons tous (mais dont l’évènement change 😉 ), cerné par un brouillard dense. Une sorte de Koh Lanta dans lequel l’évolution des caractères est variable, mais bien décrite. Entre le vieil homme sans abri et handicapé, la jeune femme un peu sauvage et sûre d’elle, le voisin un peu paumé qui vient d’emménager, la famille d’immigrés, l’alcoolique un peu trop fasciste… Tout y est. Nous sommes plongés dans un microcosme aux nombreuses facettes que l’auteur nous fait voir à travers un incident inexplicable, l’arrivée d’un brouillard pâteux sur l’ensemble de la planète. C’est alors qu’on voit l’instinct pointer le bout de son nez. Sans jugement, sans fioriture, l’auteur fait avancer son petit monde dans un seul but, celui de survivre dans un monde où tout ce que nous connaissions nous est devenu étranger ou invisible.

Alors voilà, pour s’y prendre, il jongle habilement entre les différents registres : on est ballottés entre le langage soutenu et le familier, toujours avec une habileté que peu savent gérer. Tout au long du roman, nous avançons tantôt dans la compassion, tantôt dans l’angoisse de savoir ce qu’il va se passer. Mais, souvent, nous allons droit dans l’inconnu, nous découvrons les envies, les buts et les idées des personnages en même temps qu’eux. Il faut dire qu’on ne sait plus qui est le pantin : le personnage, ou l’auteur 😉 Un autre point que j’apprécie beaucoup dans l’écriture de Luca, il est encore et toujours le narrateur d’une histoire par laquelle il s’est laissé lui-même entraîné. Parce que ses personnages, ils vivent.

Un point noir dans tout ça ? Oui parce qu’il y a toujours un point noir… Je suis un peu restée sur ma faim. Je ne sais pas si c’est parce que j’appréciais l’ensemble (et de ce fait, ne voulais pas fermer le livre), ou si c’est parce qu’il m’a manqué un petit quelque chose…
En gros, je veux bien une suite : pourquoi pas, il était une fois en dehors du brouillard ? 🙂

Bref, il vous faut lire ou relire cet auteur : si vous avez du temps à perdre, lisez-le à l’occasion, et si vous n’en avez pas… faites glisser M. sur le haut de votre PAL (pile à lire) ! C’est en urgence qu’il faut vous laisser bercer par ses mots, toujours bien choisis et tapant juste… FONCEZ.

Je remercie encore Luca Tahtieazym pour sa confiance et vous souhaite à tous une excellente lecture ! 🙂

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