Hier encore
C’est le cœur serré que je referme l’ouvrage de Luca Tahtieazym, Hier encore. Mélancolique, touchant, triste mais aussi beau, ce livre recèle de belles images attendrissantes et de tristes situations qu’on peut encore malheureusement lire dans la presse. De quoi on parle exactement ?
Voilà un petit résumé : Des gosses qui dansent au bord du précipice.Une fugue.Une odyssée.
Et vingt ans plus tard, les fantômes du passé qui viennent réclamer leur dû…
On commence donc notre voyage de Robinson auprès de Romain, jeune adolescent orphelin, Élise et Simon, deux frère et sœur qui se font rouer de coups par leur père, Achille Laborie. Tous les trois emportés dans une course pour prendre la fuite et ivres d’une envie de liberté, choisissent de partir dans le maquis. On se trouve alors à la fin des années cinquante (1958 pour être exacte). Les trois compères décrits avec fluidité par l’auteur nous donnent d’abord du baume au cœur, puis de la pitié, puis de l’amour, enfin de l’espoir… Tout y passe. Ce qui pourrait paraître se révéler une petite histoire de fugue d’ados se présente comme un véritable souffle: des jeunes qui grandissent trop vite, de l’espoir qui meurent trop tôt, un passé qui n’aurait pas dû exister. Le tout mêlé au travers de petites anecdotes sur leur périple au sein du grand sud-ouest, ce qui nous met quand même un peu de gaîté au milieu de cette histoire somme toute sinistre.
Tout au long de la description de cette aventure, nous avons un tas de petits rebondissements, des petites aventures qui sont énormes pour des enfants de cet âge : petits vols (à l’étalage ou en corps de ferme…). L’histoire finit par nous happer : on se prend au jeu de ces trois protagonistes qui sont assez bien décrits pour qu’on s’y attache sans faux semblants. La démarche de ces jeunes, de plus, a un but et pas des moindres : échapper à une brute aussi vite et loin que possible.
Je ne peux vous en dire plus sur cette aventure sans vous spoiler soit, comme vers les trois quarts du roman, je vais vous proposer un bond dans le temps. Environ vingt ans plus tard, on entre dans la peau d’un détective privé qui se voit embauché pour mettre cette vieille histoire au clair. Pourquoi ? Par qui ? Pour quelles raisons ce passé refait d’un coup surface autant de temps après ? Que s’est- il passé qui pourrait expliquer la décomposition d’une vie déjà si fragile ?
Vous l’aurez compris (enfin je crois), j’ai vraiment beaucoup aimé cet ouvrage. L’écriture est fluide et s’adapte aux différentes périodes abordées au travers des dialogues. La plume de l’auteur est concise, on voit bien qu’il sait où il veut aller et, par la même, où il veut nous emmener, une âme de conteur en somme. Avec cette histoire prenante et un registre tantôt courant tantôt plus soutenue, l’écriture au vocabulaire châtié ne m’a pas laissée de marbre. Je remercie grandement l’auteur pour sa confiance et pour sa chute si particulière : je vous conseille ce roman qui m’a littéralement fait passer par tous les états en l’espace de quelques heures.