Le supplément d’âme
Je referme aujourd’hui Le supplément d’âme de Matthieu Biasotto, un roman court de 275 pages qui se lit très très bien. En premier lieu, la couverture qui est des plus parlante : ce livre est un cri, un déchirement, un dédoublement, une « seconde vie ».
Un petit mot sur l’auteur : d’abord auto édité, il a rencontré un succès fulgurant avec la parution de ce livre, qui a ouvert la voie du « thriller initiatique », un genre nouveau où le suspense, la tension et le mystère interrogent par petites touches nos émotions, nos peurs et nos choix. Son style accessible, parfois rude, toujours sensible, met à la portée de tous la question du bonheur et de la réalisation de soi. Bienvenue dans son univers, un de ses livres va peut-être changer votre vie.
Le récit se fait en trois temps, mais trois temps superposés, qui se croisent et se recroisent à la manière de destins qui seraient tous ceux d’une seule et même personne (dit comme ça, ce n’est pas très clair mais…)
Alors voilà, on a une vision du passé (enfance), du passé plus récent (on va dire dans les quelques mois précédents, l’auteur ne le précise pas) et le présent. Dans chacune de ces époques, le protagoniste est narrateur de l’intrigue dans laquelle il pousse une introspection sur sa vie, ses envies, parfois ses besoins, mais surtout sur ses actions et l’impact qu’elles ont pu avoir indirectement tant sur lui que sur son entourage. Il plonge le lecteur avec lui dans les méandres de sa mémoire, et comme tout le monde le sait, sa mémoire tout comme la nôtre est subjective…
Grâce à un procédé fort sympathique, cette mémoire est remontée au lecteur via un personnage, Tomato Ketchup qui représente le « héros » enfant et qui va le guider dans cet effort d’analyse sur son passé. Une espèce d’œil extérieur qui saura mieux jauger mais qui n’est pourtant rien d’autre que lui-même.
À travers ce roman, on voit les erreurs du personnages ré évaluées, les rêves avortés qui refont surface, les douleurs enfantines qui sont relancées. L’auteur nous montre avec brio que tout a son impact et qu’on ne se construit pas qu’à l’adolescence 🙂
Un passage avec lequel j’ai vraiment accroché et qui résume un peu tout ça : « Je suis un petit miracle. L’instinct de survie d’un prématuré condamné. J’entre partout, dans toutes les fibres, dans toutes les pensées et dans tous les cœurs. J’incarne le lien invisible entre chaque être. Je me fais discret jusqu’au creux des veines. » Mais, qui suis-je ? 🙂
Entre version de soi-même qu’on réfute ou qu’on cherche à oublier, désirs cachés (assouvis ou non), maladresses diverses, que feriez-vous si vous aviez une deuxième chance ? Ce récit est pour moi entre l’effet papillon et la boite noire. Le supplément d’âme est un supplément de génie dans la main de l’auteur qui nous traîne avec lui dans le sublime du sordide.
L’être humain, ce qu’il a de pire et ce qu’il a de meilleur. Dans une écriture fluide dont certains passages restent volontairement flous, Matthieu Biasotto nous fait traverser des chapitres courts pour une longue réflexion sur divers sujets… Ferions-nous les mêmes erreurs ? Les considérons-nous comme telles ? Quels seraient nos choix ?
Alors merci, merci à l’auteur pour ce nouveau coup de cœur. Une chose bien faite, bien dite et surtout bien assaisonnée : pas de surplus malgré le supplément suggéré 😉
Bonne lecture à tous !