Intrusions

Je referme « malgré moi » le roman d’Alexis Arend. Ces 335 pages me laissent un goût amer.
Pourquoi ? Parce que j’ai dit à l’auteur lui -même que j’avais besoin de temps pour lire son écrit car j’avais de la lecture en cours et, je n’aime pas mentir 😉
Pour la petite anecdote, le soir d’une journée un peu lourde (celle du genre où on se prend la tête avec ses collègues, son patron…), je m’assois à mon ordi et… Pas de livre à portée de main. Je prends donc celui-ci me disant « bon, quelques pages, comme ça, pour voir ». Ô combien surprise, les quelques minutes sont devenues des heures et les quelques pages, le livre.

Pour commencer, voilà un petit résumé :
Que faire quand le mal, infatigable et sournois, nous pourchasse jusqu’au bout du monde ?
Après des mois d’une traque sans pitié, Alyssa Connelly, psychiatre réputée, profiler et puissant médium, permet à la police criminelle de Portland, dans l’Oregon, de mettre un terme aux agissements d’un monstrueux tueur en série surnommé par la presse « L’Écorcheur »…
Profondément ébranlée par cette affaire sordide, Alyssa emménage en Alaska avec sa sœur jumelle Madison.
Pour elles débute une toute nouvelle vie, après les atrocités de Portland.
Jusqu’à ce que les rêves épouvantables d’Alyssa reprennent, nuit après nuit…
Jusqu’à ce que des cadavres soient tirés des eaux glacées et que des meurtres odieux se multiplient, suivant Alyssa comme des ombres funestes…
Jusqu’à ce que l’effroi et la mort se répandent sur cette région alors paisible de l’archipel Alexandre…
Et si le mal se nourrissait de nos rêves ? Et s’il ne frappait jamais au hasard ?

À vous aussi, ça vous met l’eau à le bouche ? Attendez de voir le reste !
Tout commence de façon un peu banale mais avec une plume si fluide qu’on entre vite dans le contexte. Dès le début, plusieurs thèmes sont abordés et on sent très vite que les rebondissements seront de la partie.

En premier lieu, nous avons les deux sœurs, jumelles bien entendu sinon c’est moins drôle, dont l’une est psychiatre renommée et l’autre est « artiste ». Le pouvoir de la gémellité légendaire nous laisse imaginer qu’elles emménagent ensemble. Sortant tout juste d’une affaire plus que sordide, Ally nous emmène avec sa sœur en Alaska, dans une petite ville éloignée de tout.
Cette fameuse Ally va, tout au long du roman, nous dire petit à petit qui elle est et pourquoi elle est. Se sachant médium, elle nous tire dans les tréfonds de sa mémoire dans une sorte de confessions. Une sorte d’introspection relativement bien menée par l’auteur car traitée sous « l’œil de l’étranger » au travers de cauchemars, procédé qui nous fait douter : est-ce quelqu’un qui lui parle, sa sœur ? Un/e ami/e ? Le tueur ? Sa conscience ?
Bref, on lit le livre en même temps que cette dernière écrit ses mémoires (oui oui, elle écrit 🙂 )

Pour relier les deux époques (Portland et Petersburg), nous avons l’arrivée d’un autre personnage, Emy. Lieutenant de la police de Portland, amie avec Ally, se servant de ses dons pour élucider en partie ses enquêtes.

À Petersburg, nous allons rencontrer le gradé de la police locale qui s’avère très rapidement être un ancien profiler du FBI qui lui aussi a voulu fuir la foule et le Mal. Le personnage reste assez « secondaire » mais bien étudié. On voit à travers ses yeux le sordide dont est capable l’Homme.

En plus d’une plume fluide, nous avons une écriture à la limite de la poésie. Un vocabulaire qui, sans être soutenu, se veut un peu poussé. Le jeu sur les mots pousse l’auteur à être précis. Une main de fer dans un gant de velours qui tombe toujours bien. C’est précis, incisif, tout ce que j’aime !
Tant qu’on est sur l’écriture, parlons-en encore un peu et n’oublions pas que ce même auteur mêle le descriptif à l’action. Du coup, la description ne m’a jamais semblé longue ni exagérée, on n’en est pas noyé !
La narration du roman faite sur trois temps vous envoûte : on jongle entre passé lointain, passé « récent » et présent.

Les différentes enquêtes s’entremêlent, se rejoignent pendant qu’on trépigne d’impatience pour voir où l’auteur nous traîne. J’insiste bien sur ce point car, contrairement à ce que je pensais, je n’avais pas trouvé le méchant au troisième chapitre !

On se laisse entraîner par les pages qui se tournent avec une facilité déconcertante. On a là des protagonistes originaux, une trame bien ficelée, une humanité couplée d’une animosité exceptionnelles qui rendent à l’intrigue un réalisme happant.

Le tout avec un switch final plutôt sympa qui vient clôturer un livre qui ne l’est pas beaucoup moins. Comme vous l’aurez deviné, je vous le conseille ! Et je remercie grandement l’auteur pour m’avoir fait découvrir son bébé en service de presse.

Un petit indice, on voit entre les lignes qu’on n’est pas grand chose et que notre vie peut se résumer à un bouquet de fleurs. Un grand merci à l’auteur pour sa confiance !

Bonne lecture à tous 🙂

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